Le fait d'être occupé aide-t-il à être heureux ?

"Vivre à fond" est devenu le leitmotiv de l'homme moderne, une hyperactivité compulsive sans temps mort, sans trou de mémoire, sous peine de se retrouver seul avec soi-même. Peu importe le sens, pourvu qu'il soit intense. Nous pensons que sans activité permanente, la vie serait fatalement insipide. Des amis animateurs de voyages culturels en Asie m'ont raconté que leurs clients ne supportaient pas le moindre trou dans leur itinéraire. "Il n'y a vraiment rien de prévu entre cinq et sept heures", demandent-ils avec angoisse. Il semble que nous ayons peur de tourner notre regard vers nous-mêmes. Nous sommes entièrement concentrés sur le monde extérieur, tel qu'il est perçu par les cinq sens. Il semble naïf de croire qu'une recherche aussi fébrile d'expériences intenses puisse conduire à une qualité de vie durablement enrichie.

Si nous prenons le temps d'explorer notre monde intérieur, c'est sous la forme de rêveries et d'imagination, en ressassant le passé ou en fantasmant sans fin sur l'avenir. Un véritable sentiment d'accomplissement, associé à la liberté intérieure, peut également offrir une intensité à chaque instant de la vie, mais d'une toute autre nature. Il s'agit d'une expérience étincelante de bien-être intérieur, dans laquelle la beauté de chaque chose resplendit. C'est savoir profiter du moment présent, avoir la volonté de nourrir l'altruisme et la sérénité et de faire mûrir la meilleure partie de nous-mêmes - se transformer pour mieux transformer le monde.

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