Matthieu Ricard
Le bonheur : Un guide pour développer la compétence la plus importante de la vie
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Certains pensent que pour être vraiment heureux, il suffit d'apprendre à s'aimer tel que l'on est. Tout dépend de ce que l'on entend par "être soi-même". S'agit-il d'être en perpétuelle oscillation entre satisfaction et déplaisir, calme et excitabilité, enthousiasme et apathie ? Se résigner à cette façon de penser en laissant libre cours à nos pulsions et à nos tendances est une solution de facilité, un compromis, voire une sorte de capitulation.
De nombreuses formules de bonheur insistent sur le fait que, par nature, nous sommes un mélange d'ombre et de lumière et que nous devons apprendre à accepter nos défauts en même temps que nos qualités. Elles affirment qu'en renonçant à lutter contre nos propres limites, nous pouvons résoudre la plupart de nos conflits intérieurs et aborder chaque jour avec confiance et aisance. Libérer notre propre nature est le meilleur moyen ; la museler ne peut qu'exacerber nos problèmes. S'il faut choisir, il est certainement préférable de vivre spontanément plutôt que de passer ses journées à se ronger les sangs, à s'ennuyer à mourir ou à se détester. Mais n'est-ce pas là une façon d'emballer nos habitudes dans un joli paquet ?
Il est vrai que "s'exprimer", donner libre cours à nos impulsions "naturelles", nous soulage momentanément de nos tensions intérieures, mais nous restons enfermés dans le cercle sans fin de nos habitudes. Une telle attitude laxiste ne résout aucun problème sérieux, car en étant ordinairement soi-même, on reste ordinaire.
Nous sommes un peu comme des oiseaux qui ont vécu trop longtemps dans une cage dans laquelle nous retournons même lorsque nous avons la possibilité de nous envoler. Nous nous sommes tellement habitués à nos défauts que nous avons du mal à imaginer ce que serait la vie sans eux. La perspective du changement nous donne le vertige. Pourtant, ce n'est pas comme si nous manquions d'énergie. Nous sommes constamment en train de nous efforcer dans toutes sortes de directions, de mener à bien d'innombrables projets. Mais s'il nous vient à l'esprit de nous dire : "Je devrais essayer de développer l'altruisme, la patience, l'humilité", nous hésitons et nous nous disons que ces qualités nous viendront naturellement à la longue, ou que ce n'est pas grave et que nous nous en sommes bien passés jusqu'à présent. Qui pourrait jouer du Mozart sans efforts déterminés et méthodiques ? Ce n'est certainement pas en pianotant sur un clavier avec deux doigts. Le bonheur est un savoir-faire, une manière d'être, mais le savoir-faire s'apprend. Comme le dit le proverbe persan : "La patience transforme la feuille de mûrier en satin".
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